SENAQ POETRY

      Pier Paolo : portrait superficiel    Visage lumineux crevé de rides Sourire d'enfant figé de ravines.   Ravagé de chagrins profonds Élégant et racé Paysan sans terre, labouré de doutes et d'espérance.    Remords affleurant à la surface  Et une joie de vivre souterraine et brutale.       

      L'homme-portable       L'homme solitaire au portable     Enfoncé dans son fauteuil     Les jambes allongées par un soupir.       Il fixe l'écran agité niché au creux de sa main     Regard fixe et en mouvement     Main immobile et main déroulant la file ininterrompue     D'images.       Indifférent aux choses du monde     Un gisant parmi les gisants     Vivant par petits halètements successifs.         Isolé en sa tour de chair        Fugitif entravé et retenu        Serviteur volontaire       Astre sans éclat et rongé d'indifférence.               

   photo de l'artiste  LA PLAGE    Un ciel gris et immobile   Strié de bleus une nappe pesante gisant sur l'horizon.   Les ombres immobiles Suspendues, sentinelles patientes De mille cris muets Bruissaient.   La pluie déposait çà et là Des franges de gouttes irisées par de sombres reflets miroitants.   L'horizon se déroulait ainsi Sans heurts et sans fracas  Agitant son ennui sous la brise.    Dominik Senaq @ADAGP Paris 2025 

      Canicule     Entre la place noyée d'arbres et le Mercure À la limite de l'ombre bleue Un barbier fait le plein de poils dans son échoppe.   La chaleur étourdissante de ce moment S'allonge devant la devanture du glacier Souriant comme une madone tropicale.   Au point du jour Ombres de chaleur Soleil timide.    Quelques gouttes grésillent Le soleil crépite Le silence de la nuit vibre Et s'engloutit.   Dominik Senaq @ADAGP Paris 2025     

      La thématique est libre  : poésie du quotidien, lyrique, engagée, drôle… À vous de trouver l’inspiration et de toucher les membres du jury, présidé par Alexis Michalik, par l’originalité et la sincérité de votre poème !   Voici le poème présenté :   Sur les rails inégaux Cahotent les wagons défraîchis, bois et métal, Ils trottent et crachotent parmi les pierres noircies, Roulent et boulent avec les rats furtifs S'écharpent et vagabondent dans les tunnels Équilibristes s'accrochant aux poutrelles d'acier Ayez l’ivresse de ces jongleurs du vide : Déraillez de votre chemin pour des voies de traverse.    

là-bas Le soleil lisse les allées du sous-bois Et une obscure clarté dénude le sable martelé d'ennui Une flaque de lumière jaillit dans la poussière: mélodie Au loin un promeneur solitaire s'enfuit encore Un souffle ravi galope parmi les feuillages:un museau se pointe inquiet vers les couloirs de la bicoque On entend de grands gestes par la fenêtre :silhouettes par Le silence retrouvé : halète au sein des étendues mouvantes Le calme animal règne. Un poème à la forme libre pour dire le confinement et la respiration profonde de la nature….

Le soleil s'est éclipsé Les ombres sont cachées Les nuages gris vont ourlés d'hermine Tachetés d'air bleu. Un éclat restitué Il revient L'herbe éclate de verts L'ombre s'étale Et Recommence son combat Aux lisières de la lumière. Le froissement des branches, en plein vent Les feuilles d'argent cliquettent Le bois blanchi des troncs à terre craquelle. La rumeur enfle La bourrasque approche Les griffures animent ces puissantes cicatrices. Silence A nouveau Lumières et Ombres Recommencent. SENAQ Septembre 2008